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Hôpitaux La chirurgie cardiaque, en pleine mutation

Face aux progrès réalisés en cardiologie, la chirurgie cardiaque est amenée à se réinventer… À coup de techniques innovantes, elle s’attèle aujourd’hui à traiter des cas toujours plus complexes. Rencontre avec le Dr Patrick Van Ruyssevelt, chef de service de chirurgie cardiovasculaire et thoracique du Groupe Jolimont.

Depuis vos débuts il y a 30 ans, le métier de chirurgien cardiaque a bien évolué…

Effectivement! Ces dernières années, la cardiologie a développé des techniques innovantes qui se sont imposées comme des alternatives à la chirurgie. Si la chirurgie cardiaque n’est évidemment pas en perdition, elle doit néanmoins s’adapter pour faire face à une nouvelle réalité… Les patients d’hier et d’aujourd’hui ne sont plus les mêmes. Les patients qui arrivent aujourd’hui jusqu’à nos mains de chirurgiens sont toujours des cas complexes. Notre quotidien nous amène ainsi à opérer des personnes toujours plus malades, toujours plus âgées et donc soumises à un plus haut risque. Dernièrement, j’ai par exemple pratiqué un remplacement de valve aortique sur une personne de 85 ans!

C’est ce qui explique le «tri sélectif» pointu des candidats à la chirurgie?

Nous effectuons en effet un filtre très discriminant: seul un cas soumis à la chirurgie cardiaque sur deux est accepté. Le but est évidemment de viser l’intérêt du patient et de réduire le risque opératoire au maximum. Attention, ce n’est pas le chirurgien qui décide qui va ou ne va pas se faire opérer! La décision est collective et prise par la Heart Team, une équipe composée de réanimateurs, d’anesthésistes, de chirurgiens, de cardiologues… Nous nous réunissons en commission chaque vendredi pour analyser les dossiers complexes soumis par l’ensemble des hôpitaux du Groupe Jolimont. Le risque chirurgical est évalué à partir des scores européens de prédiction de mortalité opératoire (EuroSCORE). Il faut toujours que le risque d’opérer soit inférieur à celui encouru si on laisse la pathologie évoluer naturellement.

Pouvez-vous nous citer une technique qui fait la réputation de Jolimont?

Lorsqu’une ou plusieurs artères coronaires sont rétrécies ou obstruées, un pontage coronaire est dans certains cas plus indiqué qu’une angioplastie (dilatation et pose d’un stent). Le pontage consiste à contourner la lésion pour apporter le sang au-delà du rétrécissement et nourrir ainsi le muscle cardiaque. Pour ce faire, le chirurgien crée un «pont» à l’aide d’un vaisseau greffé. La particularité de Jolimont est d’utiliser, sans discrimination d’âge, les artères mammaires internes, celles qui descendent de part et d’autre du sternum, car elles offrent une meilleure perméabilité à long terme. En raison du challenge technique que représente cette technique, peu d’hôpitaux la pratiquent de manière systématique et nous bénéficions donc d’une expertise reconnue en la matière.

Les plasties valvulaires sont une autre de vos spécialités…

Le cœur possède 4 valves qui ont pour mission de faire en sorte que le sang traverse le cœur dans une seule direction. Elles fonctionnent ainsi comme des soupapes. Lorsqu’une des valves – le plus souvent la valve mitrale ou la valve aortique – ne s’ouvre ou ne se ferme plus correctement, une intervention chirurgicale est très souvent nécessaire. Soit on remplace la valve défectueuse, soit - mieux - on la répare en conservant ainsi la valve native. La réparation d’une valve est appelée plastie et c’est effectivement une de nos spécialités.

Un exemple de technique innovante et révolutionnaire?

Le TAVI est actuellement une intervention destinée aux sujets à haut risque chirurgical. Elle permet de remplacer la valve aortique en introduisant une prothèse biologique jusqu’au cœur par voie artérielle fémorale percutanée. Elle ne nécessite donc ni d’ouvrir le sternum, ni d’arrêter temporairement le cœur! Si la technique n’est encore que sélectivement remboursée aujourd’hui, et coûte ainsi très cher, elle s’annonce comme une véritable solution d’avenir.

Être à la pointe… et le rester !

Le groupe Jolimont a investi ces dernières années dans du matériel et des techniques innovantes. Des consultations pré et post-opératoires sont disponibles dans les hôpitaux de Nivelles, Mons et Warquignies et les chirurgiens cardiaques opèrent sur le site de Jolimont.

Dr Patrick VAN RUYSSEVELT

  • 1989 : Agréments en chirurgie et microchirurgie à l’UCL, suivis d’une post-formation en chirurgie cardiaque à Paris
  • 1990 : Chirurgien cardiaque à l’hôpital Saint-Joseph de Gilly (Charleroi) et à l’hôpital de Jolimont
  • 2005 : Président de la Belgian Association for Cardio-Thoracic Surgery
  • Depuis 2005 : Chef de service de la chirurgie cardiovasculaire et thoracique des hôpitaux du Groupe Jolimont.